La Drômoise 2018 pour moi aura été un fil rouge, un objectif à court terme après mon retour à la maison en mars et 6 mois d'hôpital. Encore fallait-il que je sois en forme et que la prothèse tienne à peu près correctement. Les deux conditions étant grosso modo réunies, j'ai pu me lancer dans cette aventure dimanche dernier.
Mais, elle aura au final prit une toute autre saveur depuis que mon ami Thomas a commencé sa chimio après le diagnostique de son cancer... Il fallait lui donner une raison de s’entraîner, de se faire du mal physiquement, mais de son plein grès et de reprendre goût au sport, à la souffrance passagère jusqu'au goût du sang dans la bouche tant l'effort est difficile. Nous nous sommes donc promis l'un l'autre que nous serions présent au départ de cette Drômoise 2018 et que nous ferions tout pour y arriver. Autant, je ne me faisais pas de soucis pour moi, car je sais particulièrement gérer ce genre de situations, autant pour Tom je me faisais plus de soucis, pas dans sa capacité de se faire mal, mais bien plutôt dans celle ou sa maladie allait pouvoir prendre le dessus et avec l'annonce de son opération le 3 août après 3 énormes chimios, rien ne semblait aller dans le bon sens et pourtant...Et pourtant...Force est de constater qu'il avait bien à la fois l'envie mais aussi la capacité à se surpasser ce jour J!!
Rendez-vous compte, qu'après son opération où il a fallu lui sortir les boyaux du ventre afin d'aller nettoyer les ganglions qui se trouvaient derrière, la cicatrice lui prendra le ventre en entier et il faudra laisser le temps de la cicatrisation ce qui n'est jamais très simple à évaluer. Pas assez de temps et tout peu mal se passer et trop fort, alors là, c'est l'objectif qui se passe mal. Mais là, tout est tombé nickel et la préparation même courte, aura été la plus efficace qu'il soit. Restait encore à faire "la course" sans autre forme de repère que les quelques petites sorties d’entraînements de ce dernier mois. Nous avons pu demander un départ anticipé afin de ne pas être coincés au milieu des cyclos avec le risque toujours bien présent de chuter avec les conséquences qui vont avec. Ce que nous n'avions pas prévu par contre, c'est la venue d'Olivier Haralambon avec nous... Grosse pression tant sur Tom que sur moi. Pensez-vous, nous allons rouler avec un champion qui a non seulement de beaux restes, mais qui en plus est une "tronche" dans l'univers du vélo avec ses deux derniers monuments de littérature à savoir "Le coureur et son ombre" et "Le versant féroce de la joie" deux ouvrages qui m'ont tout simplement transportés au fil des pages dans l'atmosphère paisible de son enfance (et de la nôtre par la même occasion) et dans celle beaucoup moins sympa de Franck Vandenbroucke, un coureur qui aurai pu avoir une toute autre carrière que la sienne et surtout une tout autre fin, un peu à la manière de Marco Pantani.
Le départ se passera donc sans encombres avec une arrivée sur Barnave sans pression aucune suivi d'une belle montée sans trop tirer sur la mécanique. Après la rapide descente, Kélian et moi attendrons un peu Thomas et Olivier, mais une fois tout rentré dans l'ordre les choses sérieuses vont commencer. Olivier et Kélian vont tirer de gros bouts droits auxquels j'y apporterais mon grain de sel au point que nous reprendrons quelques groupes qui auront du mal à rester dans les roues!! Viendra très vite le col de Miscon avec un petit arrêt d'une dizaine de minutes pour que je puisse sécher le moignon et remonter tout le bazar avant d'attaquer la partie final. En haut du col, nous attaquons la descente avec Kélian (Thomas et Olivier ont basculé une minute avant.) et nous allons revenir sur nos deux accompagnants du jour pour ensuite mettre en route sérieusement jusqu'à Die. Mon compteur me donnera 27,3 de moyenne (avec les arrêts) mais la partie finale nous verra rouler à plus de 45 de moyenne!!
Cette Drômoise aura été pour moi, un symbole, un repère, une étape dans ma vie, car il m'aura fallu digérer cette amputation, puis revenir à un petit niveau me permettant d'être un véritable cycliste qui peut se fondre dans la masse sans que l'on me dise... "Le pauvre gars".
Retour pas comme je le voudrai, car je me dois de perdre encore du poids, mais j'y travaille et ça finira par rentrer dans l'ordre. Mais cette Drômoise aura été aussi un énorme moment d'émotions à regarder mon p'tit Thomas revenir a un très bon niveau malgré son année pourrie ! Nous ne sommes pas foutus Tom, nous sommes juste en transit et je suis absolument certain que cette "mésaventure" ne sera qu'un vilain souvenir et qu'en plus il te.. Il "nous" donnera un élan incroyable pour la suite de notre vie, j'en suis certain.
Merci encore à l'organisation de nous avoir accepté sous cette forme de départ, merci à toi Thomas pour la logistique tant pour les dossards que pour le départ pour ta joie de vivre qui cache aussi certaines choses enfouies au plus profond de ton âme car la maladie ne s'en va jamais sans laisser de traces, merci aussi à Olivier et à Kélian pour votre patience et votre abnégation et un immense merci à celles et ceux qui m'ont encouragé tout au long du parcours. Je vous promets des jours moins rigolos pour vous dans les mois à venir, mais juste parce que nous allons faire un bon en avant avec le prothésiste pour fabriquer un véritable genou pour le vélo et pas seulement un "truc" bricolé à la va-vite.
A très vite?