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JE VAIS FAIRE MES 89 ANS...

88 ans c'est un âge honorable pour un club de vélo. Et bien c'est celui du club d'Espéraza dans l'Aude, petit village autrefois hyper dynamic avec la révolution industrielle, les usines de chapeaux, la chaussure, Efisol, et autres, étaient autant de postes de travail à pourvoir et si mes souvenirs sont bons, il me semble que c'était pas moins de 3000 ouvriers chapeliers qui descendaient à la gare d'Espéraza pour y travailler chaque jour avant les années 50 car ensuite la lente mais inexorable descente "en enfer" va commencer. 70% de la population était dite "ouvrière" alors dès lors que les usines ferment vous vous imaginez bien que tout va de paire. L'homme a cru en l'avenir, les longues études, faire des intellectuels dans nos pays et la main d'œuvre pas chere ailleurs. Ca a marché un temps, mais la pandémie nous a rappelé que nous sommes tous interdépendants et que les travailleurs manuels étaient tout aussi nécessaires que les intellectuels.

Mais là n'est pas le propos. Le sujet du jour est bel et bien de parler quelques instants d'un club qui a eu 88 ans et qui se meure doucement mais surement et cela me fais de la peine. 

Pensez donc, l'AMVCE ou Auto Moto Vélo Club Esperazanais a donc vu le jour en 1933 autour d'un homme de convictions Mr Georges Basset De Nattes. Ce petit club parti de rien verra de grands noms s'illustrer autour de sa superbe course, le Grand Prix d'Espéraza!!

Loison Bobet, Robert Chapatte, Luis Ocana, Jacques Esclassan, Mariano Canardo, Poulidor, Henri Anglade, Jésus Martinez un coureur indépendant local qui a gagné entre autre Gènes-Nice et le Midi Libre, rien que ça et tant d'autres sont venus faire le GP d'Espéraza et y ont laissé une trace, de la sueur, des forces, juste pour leur sport et la beauté du geste...

Mr René Carles du "Miroir du sport" dira d'Espéraza que, je le cite, "Espéraza est une ville ou quelques hommes aimant le cyclisme par dessus tout firent naître, avec l'appui de la population, une épreuve cycliste dont l'écho fut porté aux quatre coins de l'Europe".

C'est beau non? Et pourtant rien n'était écrit d'avance car la région est bien plutôt tournée vers le rugby, sport quasi national ici, mais qu'importe, des gens avec un cœur gros comme ça ont voulu croire dans le vélo et ils sont arrivé à leur fin, dans le sens ou gagner le GP d'Espéraza sans être une consécration ultime, représentait quand même quelque chose dans la carrière d'un cycliste.

Circuit en ville type critérium, circuit type classique Belge avec des côtes et des bosses en veux tu en voila,  ou encore un savant mélange des deux, enfin bref, le GP s'est longtemps cherché pour finalement être un critérium entre Espéraza et Couiza en passant devant Montazels avec sa terrible bosse de la Maureille. Ca devait être quelque chose quand même quand il y avait la fête au village chaque mois de septembre. Cela donnait du bon temps aux spectateurs, et leur faisait passer un bon dimanche quand ils disaient "Allez youpi, on va voir passer les champions". 

Ce qui fait le plus mal pour moi aujourd'hui, c'est de voir comment les choses ont changé et ce qui faisait le bonheur d'antan, ne soit plus au gout du jour. Le vélo a toujours une place dans le cœur des gens, mais aujourd'hui c'est bien plus "chacun pour soit", en VAE histoire de ne pas trop se fatiguer, mais en même temps, avec la vie de dingue que l'on mène aujourd'hui, comment en vouloir aux gens de ne plus s'investir dans leur village, leur club, pour une passion, quand on voit toutes les autorisations qu'il faut simplement pour organiser une petite course le dimanche après midi même dans une zone ou il n'y a personne, et bien les acteurs du sport d'aujourd'hui baissent les bras et je les comprend.

Mais finalement, ne nous appartient-il pas de faire en sorte que les choses perdurent? Bien évidemment. Pas besoin d'être un cycliste pour être un bon président de club. Alors le club d'Espéraza se meurt, mais il est encore vivant, son président en place ne demande peut-être qu'à se remotiver ou alors faut-il lui donner un petit coup de main mais ce qui est certain, c'est qu'il est dommage de voir partir quasiment dans l'anonymat le plus total, des club tels que l'AMVCE qui a pourtant tant apporté à sa ville, sa région. Peut-être suffirait-il de pas grand chose pour enfin voir revenir les bambins à l'école de cyclisme, les grands avec la sortie du dimanche matin et le bonheur de se retrouver simplement avec dans le cœur (et les jambes) la simple envie de découvrir ou redécouvrir votre coin de France si beau et si sauvage. Je dis "VOUS" car je ne suis pas d'ici, mais j'y ai toujours passé de bons moment lorsque je venais avec mon épouse passer quelques jours de vacances "chez mamie" ou "chez tonton"... Maintenant c'est chez moi et je me permet en toute simplicité vous rappeler chers Espérazanais que votre village était un grand village, avec un cœur gros comme ça et qu'il n'est pas possible de le laisser filer dans un anonymat certain. Ca n'est pas un appel au secours non, mais juste un constat de ce qui fait que les choses se perdent, s'oublient et qu'avec les derniers anciens qui ont connus ce temps et bien plus rien si ce n'est quelques photos ne nous rappelle qu'un jour le village d'Espéraza fut au centre de toute les attentions chaque mois de septembre...

Je n'ai aucunes légitimité à venir mettre mon grain de sel dans votre vie, mais j'aimerai tant que des gens du cru puissent le faire, et la force qui me reste pourrai servir à l'épauler, le soutenir et l'aider.

Jean-Jacques Goldman a écrit une chanson qui disait d'aller au bout de ses rêves...et mon rêve serait celui de prendre une licence à Espéraza.

 

PS: J'ai lancé un appel pour avoir des photos du GP d'Espéraza mais...si vous en avez, n'hésitez pas à me contacter.

Mon livre de chevet depuis quelques temps.

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