VELO ET AMPUTATION.

Une heure et onze minutes...

Une heure et neuf minutes...

Ca se sont mes deux meilleurs temps de la montée du Mont Ventoux par Malaucène pendant la cyclosportive "La Tristan Mouric".

1H et 19 minutes est mon temps officiel du 10 juin 2004, jour du CLM du Critérium du Dauphiné Libéré, qui verra Yban Mayo l'emporter en un peu moins de 56 minutes. J'avais été invité par le Crédit Agricole afin de faire le premier temps de référence et par la même occasion, montrer qu'un athlète handisport pouvait faire de belles choses. Ce jour là il y avait un fort Mistral qui m'a quelque peu freiné à partir du Chalet Reynard, mais il y avait surtout eu ce coup de téléphone le matin même, me signalant que je n'étais pas sélectionné pour les jeux paralympiques d'Athène. J'ai eu du mal à le digérer car j'étais pratiquement au summum de ma forme même si en 2002 j'avais eu un accident qui m'aura causé 14 fractures de plus et 3 opérations supplémentaires.

Tout ca pour dire que malgré mon handicap de l'époque, j'étais vraiment à l'aise en montagne sur un vélo, mais depuis les choses ont bien changées. Une amputation fémorale plus tard, il aura fallu accepter, digérer, assimiler celle ci et surtout le corps qui est le mien aujourd'hui et dans lequel je ne me reconnais pas. A l'hôpital en ce mois d'octobre 2017 je suis à moins de 63kg pour 1M71 mais de constitution plus proche de Evenepoel, que de Ricardo Ricco si vous voyez ce que je veux dire. A la sortie de l'hôpital presque 6 mois plus tard, je pèse 10 kilos de plus avec une jambe en moins et ce, malgré la cure hypo calorique que je faisais à l'hôpital. 1500 d'apport calorique par jour et 500gr par semaine de plus!! 

Les traitements sont terribles pour le foie et le système des émonctoires en général.

Bref, malgré tout il faut avancer, bouger, sinon c'est la fin de tout. Préparation de ma première prothèse alors même que les prothésistes me disent qu'il vaut mieux rouler avec le moignon dans une emboiture en carbone fixée sur la tige de selle...n'importe quoi. J'ai deux jambes pour pédaler alors on y va.

Test avec un pied. Avec un pilon. Avec une lame de course à pied. Retour au pilon, puis au pied prothétique simple. Test sur home trainer, sur route, en montée en descente, sous la chaleur ou le froid, bref on test, test, test. Le bilan aujourd'hui c'est presque 500Watts en pique, pour 200W en moyenne. Les bosses se montent autour des 250/300 watts ce qui est pas mal je pense pour un cycliste amputé fémoral.

Mais selon moi, rien n'est acquis tant que l'on ne s'est pas rapproché d'un cycliste valide, et la prochaine étape est le pédalage en danseuse. Anne-Fred, qui bosse pour une grosse société, Ségula, pour ne pas les citer, m'a proposé de faire de la recherche sur un projet qui permettrait en vu des JO de Paris, de sortir une prothèse qui me permettrait de faire du vélo avec la possibilité de me mettre en danseuse. Elle existe déjà, mais est bien trop grosse et encombrante pour faire de la route. Encore une fois il faut se creuser les méninges, et chercher quel genou utiliser et surtout comment faire une prothèse à la fois light et suffisamment costaud pour tenir des sorties de 3h et plus avec des cadences de pédalage autour des 100tr/mn... Pas simple tout ca mais si on ne tente pas, on ne saura pas.

Bref, heureusement côté prothèse il y a Pierre Ulysse Roux qui travaille pour la société Protéor sur Perpignan et qui fait ce qu'il peut pour m'aider et me faciliter les choses. Pas simple car pour bien faire, il faudrait que la maison mère nous file juste un petit coup de main afin de faire faire des pièces un peu spécifiques afin de bloquer le genou dans la position idéale dès lors que je passe en mode danseuse. Je sais ce qu'il faut faire, mais je n'ai pas ce qu'il faut pour le faire. Il me faudrait déjà un tourneur fraiseur du tonnerre afin de faire des pièces top et qui résistent.

Si vous avez des gens susceptibles de me filer un petit coup de main, je suis preneur. Si la société Protéor veut discuter avec moi, avec Ségula, ça serai top aussi. 

Mon but est de rapprocher le monde de l'handicap de celui du valide dans sa forme la plus pure et en l'état, c'est de pouvoir faire du vélo comme si j'avais ma jambe. Assis il n'y a aucuns problèmes voir je suis vraiment surpris par moment. Manque la danseuse et là franchement, on rentrerai dans une autre dimension et chaque cyclistes amputés fémorale pourrait se voir pédaler comme avant, et ça c'est franchement le pied.